GARDEZ-VOUS… DE VENDRE L’HERITAGE … » Jean de La Fontaine

Dans cette fable, un riche laboureur, conscient qu’il va vers la fin de sa vie, appelle ses enfants et leur parle en ces termes : « Gardez-vous, leur dit-il de vendre l’héritage que nous ont laissé nos parents ». Puisqu’il s’est fait cultivateur, ce qu’il a hérité de ses parents et qu’il interdit à ses enfants de vendre c’est la terre. Et s’il est devenu riche laboureur c’est par le travail.

Or, bien avant Jean de la Fontaine, Dieu avait confié à Adam et Eve la mission de gérer la terre Gn1,28 : « Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Adam et Eve ont pris au sérieux la mission que Dieu leur a confié de dominer la terre et les animaux. Ensuite, ils ont pris possession de la terre et ont développé ces ressources.

C’est pour dire que la question du travail et de la terre est à situer depuis le début du monde. Et cette passion pour le travail et la terre, mieux cet héritage s’est transmis au cours des siècles de génération en génération, de famille à famille.  

A mon tour j’ai hérité l’amour du travail et de la terre de mes parents. Encore fillette, j’ai vu mes parents travailler la terre, s’intéresser au temps qu’il faisait (chaud ou froid, trop ou peu de pluie) en fonction de ce qu’ils ont semé. Au fait trop de pluie ou peu de pluie dérangeait la récolte. S’il y avait une machine pour régler la quantité d’eau des pluies, je suis sûre que mes parents n’hésiteraient pas un instant pour vendre ce qu’ils avaient et acheter cette machine. Quelle passion pour la terre !!!

J’ai partagé avec eux la joie de la bonne récolte tout comme la douleur de l’échec de la récolte. Ce qui m’étonnait c’est qu’ils ne se sont jamais découragés en dépit des échecs. Quand le temps leur permettait, ils semaient une deuxième, voir même une troisième fois là où les graines ont raté. Encore enfant, je partais au champ pour aider les parents, devenue jeune fille, ma mère ne cessait de me répéter : « c’est grâce à la terre que vous êtes encore en vie… » J’ai fini par comprendre que c’est de la terre que nous avions tout ce dont nous avions besoin. Désormais, je partais au champ non plus pour les aider mais pour travailler sérieusement pour que la récolte soit chaque fois plus abondante.

Arriver au couvent, pour commencer ma formation du postulant, là nous avions seulement le jardin on semait les légumes, les tomates, le chou-fleur, le céleri, les feuilles de patate –douce, les amarantes…etc. Quelques années plus tard, j’ai appris que la province avait un champ au plateau de Batéké. Puis nos sœurs de l’équipe provinciale ont eu l’idée de commencer le champ. Les travaux de champs et la permanence se faisaient par rotation soit par communauté soit par groupe. Toutes, nous nous sommes battues pour avoir la première récolte. Bien que je travaille à l’école, quand c’était le tour de notre communauté j’y allais et c’est en ce moment-là que j’ai commencé à travailler sérieusement la terre comme j’ai appris de mes parents.  J’étais très contente, de voir les merveilles de Dieu sur l’univers. Je travaillais avec passion en donnant le meilleur de moi-même. Combien de gens nous avons nourrit par le travail de la terre !!! En vivant cette expérience, je comprends et j’apprécie les efforts et l’investissement demandé pour préparer le futur de la Province.

Comme le laboureur disait à ses enfants, le travail est vraiment un trésor pour les humains. Et la terre quant à elle, c’est l’un des leviers les plus puissants sur lequel il faut agir pour mettre fin à l’extrême pauvreté. Elle est aussi un facteur essentiel de croissance économique. Malheureusement de nos jours, la terre qui est notre maison commune, semble devenir de plus en plus un énorme dépotoir à cause   de la pollution causé par les humains. Cette terre qui lors de la création Dieu disait que « tout était beau » a perdu sa beauté.

La même mission que Dieu avait confié à Adam et Eve, revient à l’homme d’aujourd’hui. C’est à lui de devenir le gardien de la création, de veiller au développement durable de la terre. C’est ainsi qu’il gardera   l’héritage reçu de ses parents. Un autre moyen est celui de s’approprier cette devise de la semaine de Laudato Si (Mai2020) : « Lorsque l’être humain prendra conscience qu’il a l’obligation de respecter la plus petite créature, personne n’aura besoin de lui apprendre à aimer son prochain. »

Sœur Denise Mukonkole Bulambo/junioriste

Compartir esta publicacion